Production de lait de jument:

La traite des juments commence 2 mois après la naissance de leurs poulains. En effet, à partir de cet âge là, les poulains gagnent en autonomie et commencent à brouter l’herbe.

On trait environ un quart de la production journalière d’une jument, soit environ 4 litres de lait. Le poulain reste avec sa mère jusqu’à 6-8 mois, en fonction du sevrage.



Un lait bon pour la santé!

Le lait de jument est, avec le lait d’ânesse, celui qui se rapproche le plus du lait maternel humain. 
Il est reconnu excellent pour la santé. 
Pauvre en matière grasse, c’est un lait riche en protéines, mais moins grossières (caséines) que celles du lait de vache. Ce dernier est plus allergisant à cause de ces dites protéines.

Le lait de jument est donc une très bonne alternative.
Il est surtout très riche en acides aminés, en Lyzozyme et en Lactoferrine; 2 substances qui permettent de lutter contre bon nombre de maladies.


https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8790991/

Voici une excellente étude américaine: Lait de jument : composition, propriétés et application en médecine. Ce qui suit en est un résumé complété par d’autres sources.

Définitions et intérêts des principaux composants du lait :

Matière grasse

Le lait de jument présente une teneur en matière grasse plus de 3 fois inférieur à celui du lait de vache! Contrairement au lait de vache, il est riche en acide gras insaturé. Rappelons que les acides gras insaturés jouent plusieurs rôles essentiels au bon fonctionnement du corps humain. Alors que les acides gras saturés augmentent les taux de cholestérol-LDL, les gras insaturés diminuent ce cholestérol et réduisent du même coup le risque d’événements cardiovasculaires. Ils servent entre autres à la fabrication des hormones et jouent un rôle important pour éviter l’hypertension. 

Le lait de jument est une bonne source d’acide linoléique (acide n-6) et d’acide α-linolénique (acide n-3) qui ne sont pas synthétisés par le corps humain et sont essentiels au développement du système nerveux  

Protéines

Le lait de jument est similaire au lait humain en termes de composition en protéines, respectivement 8,30 % et 7,60 %. Le pourcentage de protéines de lactosérum dans le lait de jument est supérieur de 20 % à celui du lait de vache par rapport aux autres fractions. Le lait de vache contient la plus grande quantité de caséines, il est donc appelé lait de type caséine, tandis que le lait de jument et le lait humain sont appelés lait de type albumine. Étant donné que le lait de vache contient beaucoup de caséines (protéines grossières), il développe généralement des allergies chez les nourrissons. De plus, le lait de jument contient plus d’albumines (finement dispersées), il ne développe donc pas d’allergies. Des niveaux élevés de protéines de lactosérum et d’acides aminés exogènes dans le lait de jument sont des sources de nutriments plus bénéfiques pour l’homme que le lait de vache. 

Acides aminés

Les acides aminés sont les éléments de base constituant les protéines. On en compte une vingtaine dans la nature et 8 d’entre eux sont dits essentiels car indispensables à notre organisme qui ne peut pas les synthétiser.
Le lait de jument est une excellente source d’acides aminés.

Composition de la teneur en acides aminés essentiels et non essentiels (g/100g de lait) dans le lait de jument, de vache. 

Acides aminésLait de jumentLait de vache
Acides aminés essentiels
His0.4920.10
Ile0.4920.14
Leu1.4440.29
Lys1.4440.27
Met0.2130.06
Phe0.7380.16
Thr1.1320.15
Trp0.2290.05
Val0.8530.16
Acides aminés non essentiels
Asp1.5430.26
Ser1.4440.16
Glu2.2810.77
Pro1.3460.32
Gly0.5580.06
Ala0.6730.10
Cys0.1640.02
Ile0.4920.14
Tyr0.7710.15
Arg0.7060.11

Glucides et lactose 

Les glucides sont également présents sous forme d’oligosaccharides qui constituent la surface de la couche externe de globules lipidiques. Ils forment une structure ramifiée similaire au lait humain que l’on ne retrouve pas dans le lait de vache. Une telle structure est susceptible de ralentir le transport des graisses dans le système gastro-intestinal, permettant une activité plus longue des sels biliaires et de la lipase.  

Principale source de glucides, le lactose ne peut être fourni à un organisme qu’en tant que constituant du lait.  

Le galactose contenu dans le lactose participe au développement rapide du cerveau chez les jeunes organismes, qui nécessitent des quantités importantes de galactosylcéramides et de galactolipides. Par conséquent, le galactose joue un rôle unique en fournissant les conditions nécessaires au développement rapide du cerveau du nourrisson.  

Vitamines et minéraux 

Le lait de jument contient des vitamines A, D3, E, K2, C, B1, B2, B3, B6, B12 ainsi que du calcium, phosphore, potassium et sodium.
Il y a 2 vitamines qui sortent du lot: la vitamine C et la vitamine K.  
Il y a 30 fois plus de vitamine C dans le lait de jument par rapport au lait de vache! Cela correspond à un peu moins de la moitié d’un jus d’orange!  
Moins connue, la vitamine K est la vitamine de la coagulation sanguine par excellence. Outre son rôle anti-hémorragique, elle permet aussi de préserver la santé du tissu osseux. Il y en a 2 fois plus dans le lait de jument par rapport au lait de vache. 

Le lait de jument contient relativement peu de minéraux par rapport au lait de vache. Cependant le rapport Ca 2+ à P + du lait humain et du lait de jument serait plus favorable à l’apport de Ca 2+ par rapport à celui du lait de vache, car il est ionisé, ce qui signifie qu’il n’est pas lié aux protéines et qu’il est facilement digéré.  

Activité anti-microbienne et antivirale 

Les activité antimicrobienne et antivirale du lait de jument est liée à son lysozyme et sa lactoferrine.  

Le lysozyme, est une enzyme qui détruit des bactéries sensibles. En plus des bactéries, il a également été rapporté que le lysozyme inhibe les virus et les micro-organismes eucaryotes tels que les parasites (trophozoïtes Entamoeba histolytica) et les champignons (Candida albicans).  
La quantité de lysozymes dans le lait de jument est supérieure à celle des autres types de lait. 
Sur la base de cette richesse en lysozyme, de nos jours, le lait de jument est utilisé dans divers domaines tels que le traitement et la prévention de la tuberculose et d’autres infections bactériennes, et utilisé comme complément à la nutrition infantile dans de nombreux pays.  

La lactoferrine est un autre composant du lait de jument qui lui confère une grande activité antimicrobienne et antivirale. C’est une glycoprotéine liant le fer de la famille des transferrines que l’on trouve dans la plupart des fluides biologiques et qui est un composant majeur du système immunitaire inné des mammifères.   

Mg/L de lait Lactoferrine Lysozyme Immunoglobulines G 
Jument 820 400-890 390 
Vache 80-500 0,37-0,60 100-800 
Femme 700-2000 100-890 40-54 
Chèvre 98-150 0,25 100-400 
Brebis 140 1-4 500 

Concentrations moyennes de lactoferrine, lysozyme et immunoglobulines G dans le lait de différentes espèces (mg/l)

L’efficacité de la lactoferrine a été démontrée par de nombreuses études. 
– Elle réduit les problèmes infectieux chez les grands prématurés. On peut noter qu’elle est très utilisée en Asie et en particulier au Japon, où les poudres de lait infantile sont toutes enrichies en lactoferrine. 
– la lactoferrine peut être prescrite en complément des traitements de l’anémie liée à la grossesse. 
– elle présente une efficacité contre la mucoviscidose, maladie dans laquelle le poumon manquait à la fois de lactoferrine et d’hypothiocyanite. Des travaux ont montrés que les poumons de malades atteints de mucoviscidose étaient infectés par des bactéries (pseudomonas aeruginosa, burkholderia cepacia) agglutinées en biofilm, lequel biofilm pouvait être inhibé par de la lactoferrine. 
– La lactoferrine a aussi montré une activité antivirale contre plusieurs virus à ARN et contre des virus à ADN, dont le VIH, le virus Zika, le virus du Chikungunya, le virus de l’hépatite C , le virus Sindbis, le cytomégalovirus, l’herpes simplex, et le papillomavirus humain ou encore contre le rotavirus. 

Et pourtant un lait interdit au moins de 1 an en France…

En France, suite à l’ »affaire Lactalis », le lait de jument ne fait pas parti des aliments pouvant entrer dans la composition des aliments des nourrissons. Il est donc interdit à la vente pour les enfants de moins de 1 an…  
La toute récente association des producteurs de lait de jument essaie de faire évoluer cela. 


Un lait bon pour l’environnement?

A la Ferme du long j’ai choisi des juments Camargues car c’est une race rustique qui ne nécessite pas de complément pour être vigoureuse et en bonne santé. Cela permet de limiter les apports en concentré ou en céréales. Elles se contentent des fourrages produits sur la ferme.

Du lait produit grâce aux prairies

La ferme s’étend sur 15ha de prairies.
Ces dernières stockent autant de carbone que les forêts européennes, à savoir 84,6 tonnes par hectare et par an.

Du lait de jument=moins de méthane?

Tout animal produit du méthane. Cependant, depuis quelque temps, les ruminants sont très décriés en raison de leur système digestif.
Les chevaux étant des monogastriques herbivores, ils produisent moins de méthane que les ruminants.
Ainsi, une jument de sport gestante puis en lactation produit environ 26600L de méthane par an.
Il me parait nécessaire de comparer ces chiffres par rapport à la production de lait. Chez la jument on ne trait qu’une partie de la production réelle de lait, je prends 500L de production annuelle comme référence.

EspèceProduction de lait moyenneMéthane /L de lait
Jument500L 53,2
Vache laitière5100L30
Chèvre600L38
Brebis270L77

source:https://hal.inrae.fr/hal-02693953/document

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer